Femini-Books : L’origine du monde

Aujourd’hui, on se retrouve sur le site pour un article un peu particulier : on va parler d’une BD qui aborde le thème de la représentation du sexe féminin dans la société. Et oui, aujourd’hui, on ne parle pas forcément des règles, d’endométriose ou de diagnostic. Non, aujourd’hui, on élargit les catégories du blog : on va parler des femmes !

J’ai décidé d’écrire cet article suite à un tweet qui demandait si des blogueurs voulaient participer au Femini-Books. Mais qu’est-ce que c’est ?

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Le Femini Books est une initiative des Carnets d’Opalyne. Le principe du projet est ultra simple :

« Présenter tout au long du mois le féminisme au travers du prisme de la littérature. Romans, essais ou même bandes dessinées pourront ainsi s’ils vous ont marqué ou ouvert au sujet permettre à de potentiels lecteurs de s’ouvrir à leur tour à ce thème une fois présenté. »

Le projet dure tout le mois de novembre 2017. Vous pourrez ainsi découvrir de nombreux ouvrages mais aussi de nombreuses chaînes Booktube et de nombreux blogs littéraires ! Génial non ?

J’ai décidé de participer à ce projet parce qu’il ne m’impose aucune limite. Je lis ce que je veux quand je veux. J’ai juste à m’organiser pour poster mes articles en temps et en heure. Aujourd’hui est donc mon jour de publication. Hier, c’était au tour de Malex is reading de vous dévoiler sa vision du féminisme. Demain, ce sera au tour de Brain shadows de vous faire rêver !

Vous pouvez aussi retrouver le projet sur les réseaux sociaux :

Voilà pour les présentations !


Titre : L’origine du monde

Dessinateur / Scénariste : Liv Strömquist

Maison d’édition : Rackham

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Résumé :

Une certaine partie du corps de la femme, celle que Gustave Courbet a évoqué dans son tableau L’origine du monde, a suscité et continue de susciter l’intérêt un peu trop “vif “ de certains représentants de la gent masculine. C’est ainsi que le Dr. Kellogs, l’inventeur des corn-flakes, a pu affirmer que la masturbation provoque le cancer de l’utérus et le Dr. Baker Brown a pu préconiser l’éradication de l’onanisme féminin par l’ablation du clitoris (la dernière a été pratiquée en 1948 !). Si le corps médical n’y va pas avec le dos de la cuillère, les philosophes ne sont pas en reste. Jean-Paul Sartre peut ainsi écrire “… le sexe féminin… est un appel d’être, comme d’ailleurs tous les trous”… Sous la plume acérée de Liv Strömquist, défile toute une galerie de personnages (pères de l’église et de la psychanalyse, pédagogues, sexologues) dont les théories et les diagnostics ont eu des conséquences dévastatrices sur la sexualité de la femme. Après avoir disséqué, dans Les sentiments du prince Charles, le mariage en tant que construction historique et sociale, Liv Strömquist lève le voile sur des siècles de répression sexuelle et fait voler en éclats toutes les idées fausses autour du sexe féminin, sans oublier d’égratigner – au passage – l’obsession de notre culture pour la sexualité binaire. Dans ce nouvel essai en bande dessinée, Liv Strömquist nous surprend encore une fois par la justesse et la clarté de son analyse, ses allées et retours effrénés entre passé et présent, ses parallèles inattendus et, surtout, son omniprésent humour au vitriol.

Chronique :

Je vous avoue que j’ai acheté et commencé ce livre pour avoir du contenu historique pour mon mémoire. Petit rappel vite fait : mon mémoire a pour sujet La communication d’une maladie taboue : l’endométriose. Pour pouvoir l’écrire et pour avoir de la matière, j’ai besoin de faire des recherches sur la représentation des femmes au fil des siècles. J’ai lu quelques bandes dessinées dans ce style, notamment la dernière du moment : Libres – manifeste pour s’affranchir des diktats sexuels de Diglee et Ovidie. Au fil de mes lectures, j’ai été assez surprise et choquée.

Le saviez-vous ?

Je pense que je n’apprendrai rien à personne en disant que la plupart des médecins du XIXe et du XXe siècle étaient des hommes. Jusque là, ça ne me choquait pas. Étant donné la condition des femmes avant, je savais qu’elles n’avaient pas de postes qualifiés comme docteurs, avocates ou encore chercheuses. Heureusement, salut Curie, il y avait des exceptions. Mais bon, ce n’est pas le sujet. Comme les postes de docteurs et de chercheurs étaient majoritairement masculin, les gynécologues l’étaient aussi. Ces derniers étaient censés être les spécialistes du sexe féminin. Quand je dis sexe féminin, je parle ainsi de la construction et de la biologie du sexe des femmes. C’est là que ça se complique. Ces hommes, ces médecins, ces gynécologues parlaient du sexe des femmes, faisaient des déclarations passionnées et pourtant ne savaient pas grand chose !

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Le sexe représente le mal. Selon un petit monsieur bien sympathique, Augustin, les sexes masculin et féminin seraient une traîtrise. Quand Adam et Eve ont été bannis du paradis, la première chose qu’ils ont faite à été de se cacher le sexe. Depuis, pour Augustin, le sexe n’est pas nécessaire aux relations humaines car elles prouvent que nous ne sommes que des pêcheurs. Mais attention, il y a une hiérarchie ! Ce serait surtout la femme qui serait une pécheresse car c’est de sa faute, si Adam a consommé le fruit défendu. La religion a ainsi pris une place importante dans la représentation des femmes au sein de la société.

Autre exemple d’hommes qui préfèrent trouver un intérêt social plutôt qu’un intérêt scientifique dans le sexe féminin : au fil des années,  la religion a pris moins de place au sein de la société. Mais avec le déclin de la religion et/ou avec le refus de croire en un Dieu unique, il fallait trouver un autre moyen pour que les femmes restent à leur place sur l’échelle sociale. Imaginez un peu ! Si la religion est moins importante, l’histoire d’Adam et Eve redevient un mythe. Et si cette histoire redevient un mythe, les femmes ne sont plus considérées comme étant les grandes pécheresses. Mais comment faire pour que les hommes puissent garder leurs femmes chez eux ? La biologie ! Le sexe féminin que nous ne connaissons pas instinctivement. Contrairement au sexe de hommes, il n’est pas trop voyant. Je dis trop parce qu’il est à la fois voyant et caché. Bref, saviez-vous qu’il a fallu attendre 1998 pour avoir un schéma complet du clitoris ? Comme je suis sympa, je vous le mets juste en dessous.

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Impressionant non ? Saviez-vous que le clitoris avait des racines internes qui entouraient le vagin ? Non ? Et bien, maintenant vous le savez ! Cette vision du clitoris n’était pas connue par les spécialistes ! Comment connaître un organe qu’on ne voit pas ?  Le clitoris et les lèvres du sexe féminin étaient au coeur de plusieurs polémiques. Si ces parties étaient trop grosses, il y avait un problème. Si elles étaient trop petites, il y avaient un problème. Si les femmes n’avaient pas d’orgasme vaginal, c’était un problème. Pour les hommes, il était impensable que les femmes puissent avoir du plaisir par simple stimulation du clitoris. Si une femme « est incapable d’avoir un orgasme lors de rapport sexuel – partant du principe que son mari est un partenaire irréprochable » – et si elle  « préfère la stimulation du clitoris en lieu et place de toute autre forme d’activité sexuelle « , elle « peut être considérée comme souffrant de frigidité et a donc besoin d’une aide psychologique« . MERCI FREUD ! Les femmes avaient donc besoin d’une aide psychologique parce que les hommes ne connaissaient pas le corps de leur femme. Voilà.

Je vous ai donné simplement deux petites anecdotes présentes dans le livre. Il y en a beaucoup plus. L’origine du monde est un essai sous forme de bande dessinée très complet ! Il y a une partie historique qui m’a beaucoup aidée ! Les questions sur la représentations des femmes est plus que présente. Vous apprendrez énormément de choses et ce, même si vous pensez être incollable. Je vous conseille cet ouvrage les yeux fermés.

Temps de lecture :

Quelques heures. Je me suis arrêtée beaucoup de fois pour prendre des notes, pour revenir en arrière, pour relire des passages pour être sure de bien comprendre.

Support utilisé : 

J’ai acheté cette bande dessinée à la FNAC de Vélizy 2.

Qu’en pensez-vous ?

Sandrine R.

 

4 réflexions sur “Femini-Books : L’origine du monde

  1. Pikobooks dit :

    Je me répète sans doute mais j’ai terriblement envie de lire cette bande dessinée ! Même si je sais que je vais hurler sur certaines « anecdotes historiques ».
    Mais c’est comme tu le dis important de de construire les mythes.
    Je ne supporte pas par exemple l’utilisation du mot « hystérie ». Quand on sait ce que ce mot représentait justement à une certaine période de la médecine des femmes, on ne peut plus l’utiliser !

    Bref. Super article ! 🙂

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